Si ce n'est objectivement pas le meilleur film de Sono Sion (Suicide Club, Love Exposure...), Tokyo Tribe est un délice pour tout-e amateur-e de villes fantaisistes et chaotiques. Représentant quatre des quartiers phares de la capitale japonaise, la jeunesse tokyoite se partage gaiement pouvoirs corrompus et trafics locaux. Violences fantasques, décors bigarrés, vie urbaine sans dessus dessous et bastons spectaculaires occupent ces 2h de film jusqu'à saturation de vos sens. Pour ne rien gâcher à cette ambiance zinzin : 90% des dialogues et de la narration verbale sont mis en musique, formant tout à la fois un "opéra hip-hop" et une fresque de rue charismatique.

Bref, la ville futuriste et désenchantée de Tokyo Tribe s'insérera facilement dans votre top 3 des imaginaires urbains WTF. L'espace public a été bricolé et réinvesti par la population dans ses moindres détails, de la corde à linge à la gouttière. Ça donne envie de galoper sur les toits de taudis agglomérés à l'aveugle, d'installer une chaîne de street food informelle en posant des grilles de barbec dans les nids de poule dé-goudronnés, et de se battre contre le camp adverse avec un tube néon en guise de sabre... Il y aurait tant à dire sur les urbanités de ce Néo-Tokyo déjanté (variante : de cette Treasure Town anarchiste), que l'on vous envoie directement au charbon.

Inutile de nous envoyer vos screenshots (notre disque dur n'a pas survécu au premier visionnage), et surtout : n'ayez pas peur du filtre "nanar" qui plane comme un spectre bruyant sur cette oeuvre urba-pop !