Prenant place le long de l'avenue Stuyvesant (entre la rue Quincy et l'avenue Lexington) située dans le quartier Bedford-Stuyvesant de Brooklyn, le quatrième long métrage de Spike Lee est une pure chronique urbaine. Après deux heures de film, les trottoirs, porches en escaliers et issues de secours des immeubles en briques rouges new yorkais n'auront plus de secret pour vous. A force d'allers et venues, de moments passés à faire circuler les rumeurs, et à squatter la rue avec les différents personnages, vous aurez l'impression d'avoir vécu ici pendant un long été. Pourtant, le film se déroule sur un temps très court, pendant la période la plus chaude de l'année 1988.

"Les couleurs de la rue furent modifiées par l'équipe de production qui utilisa beaucoup de peinture rouge et orange afin d'accentuer la chaleur présente dans l'histoire." - Wikipédia

Quelques jours pendant lesquels vous serez bercés par la légendaire verve argotique de Samuel L. Jackson (animateur charismatique de la radio locale) ; suivrez les aventures des Latino-américains luttant pour écouter de la salsa plutôt que du hip-hop ; observerez la supérette coréenne nouvellement implantée ; et écouterez trois vieux pépères Afro-américains refaire le monde sur un bout de trottoir... Surtout, le spectateur suivra la vie quotidienne de Mookie (joué par Spike Lee) - livreur à la pizzeria du coin - et d’autres figures du quartier - jeunes et vieux, Afro-américains pour la plupart.

La pizzeria « Chez Sal », c’est le deuxième centre névralgique des convivialités de la zone, après la rue. Tenu par un daron Italo-américain et ses deux fils, ce bouiboui animé est principalement fréquenté par les jeunes Noirs du coin. Pour différentes raisons, l'enseigne s'attirera les foudres d'une partie de la communauté, cristallisant les tensions socio-raciales locales. Malgré les dimensions humoristiques et pop du film, ces mésententes s'intensifieront au fur et à mesure, jusqu'à exploser de façon plus dramatique à la fin du film.

"Do the Right Thing est [...] chargé en son cœur d’un contenu politique brûlant, motivé par l’affaire de Howard Beach où trois jeunes Noirs avaient été tabassés à coups de battes de base-ball par une bande italo-américaine. La justice s’était montrée très clémente avec les agresseurs, malgré la mort d'une des victimes." - "Comment Do the Right Thing est devenu un film culte", Les Inrocks, 2016

Au-delà de cet aspect social poignant, on ne peut que vous conseiller de voir ce fil,m pour mille raisons encore. Notamment pour son esthétique pop 80's saturée... Si le high-top fade de Will Smith dans le Prince de Bel-Air et les ghetto blasters sur l'épaule vous font toujours rêver, que les fringues larges et colorées ne vous rebutent pas, bref, que l'ambiance des clips de rap vintage (Public Enemy et sa célèbre "Fight the Power" à la BO...) c'est votre truc, courrez acheter ce dvd.

Et si vous rafolez des îlots de chaleur urbains et de l'ouverture "sauvage" des bouches à incendies, on vous renvoie au billet de Louis Moulin :
Kiffer son été en banlieue à travers le rap français