Akira Tome 5 – Noir et blanc

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Akira est une série de manga de science-fiction écrite et illustrée par Katsuhiro Ōtomo. Elle est prépubliée dans le magazine Young Magazine de l’éditeur Kōdansha à partir de 1982 et se termine en 1990. Elle est ensuite publiée en six volumes reliés de 1984 à 1993. Ce manga a nettement participé à la diffusion du manga en Occident. En 1988, Akira est adapté en film d’animation, également réalisé par Katsuhiro Ōtomo. Voici le résumé de l’intrigue :

« En 2019, trente-huit ans après la Troisième Guerre mondiale, Néo-Tokyo arrive au terme de sa reconstruction. Dans cette ville sans âme errent Kaneda et sa bande. Des jeunes désœuvrés, élèves d’un centre d’apprentissage professionnel, qui n’ont que leur moto et leurs virées nocturnes pour seule échappatoire à l’ennui du quotidien. Mais une nuit, ils trouvent sur leur route un être des plus étranges, un enfant au visage de vieillard, avec un numéro tatoué sur la main : le numéro 26. En tentant de l’éviter, Tetsuo chute à moto et se blesse grièvement. Il se réveille dans un hôpital de l’armée avec des pouvoirs surnaturels qu’il lui faut désormais apprendre à contrôler. De retour parmi ses amis, il se rebelle contre l’autorité de Kaneda et finit par quitter le groupe… »

On se tient ici en présence de ce qui est considéré par certains puristes comme la meilleure édition française du manga Akira. D’abord sortie au Japon, la série est arrivée en France pour la première fois en 1990. Après diverses éditions (sous forme de fascicules vendus en kiosques d’abord, en formats cartonnés ensuite, colorés ou noir & blanc), la dernière de 2016 reprend finalement le format original noir et blanc en 6 tomes. Et sa vertu aboutie tient à quelques éléments : sens de lecture japonais (que l’on ne respectait pas encore dans les années 1990), traduction révisée, onomatopées sous-titrées, et jaquette originale.

L'avis de Margot Baldassi

On ne vous apprend rien en affirmant qu’Akira est une sorte de bible graphique  et scénaristique pour les personnes qui s’intéressent au sort des villes contemporaines. Disons que dans le milieu urba, on s’autorise généralement à citer quatre grands classiques de la pop-culture internationale : Metropolis, Blade Runner, Ghost in the Shell et Akira. Si on aime habituellement élargir le champ des références pop’urbaines, on ne peut parfois pas passer à côté de certaines œuvres. Et Akira en fait partie.

Les pages du 1er tome s’ouvrent sur quelques planches colorisées retraçant l’événement le plus dévastateur de l’histoire : la destruction de Tokyo par une bombe d’un genre inconnu en 1982. En noir et blanc, l’action prend finalement place plusieurs décennies après la Troisième Guerre mondiale, déclenchée suite à la destruction de la mégalopole nippone.

« En 2019, la population est de 21 451 800 habitants et la superficie totale de la ville est de 410,32 km2. Cela ferait de Neo-Tokyo la ville la plus densément peuplée du monde après la ville d'origine. Neo-Tokyo est situé juste à côté des ruines du vieux Tokyo, qui semble la plupart du temps abandonné. »

Akira n’attend que quelques pages pour satisfaire notre curiosité d’explorateurs urbains en nous montrant les décombres de cette « vieille ville » fantôme. C’est justement le point de ralliement des protagonistes à moto. Encore plus fou : pendant leur périple, ils se retrouvent face à l’épicentre béant de la bombe, accessible par une bretelle d’autoroute empruntée par hasard. En moins de vingt pages, Otomo nous conte la ville palimpseste et post-traumatique de manière spectaculaire. Et déjà, pointe une rumeur qui fait évidemment sens pour les lecteurs-urbanistes : sur le cratère de l’explosion, on prévoit de construire le parc olympique de la compétition prévue l’année suivante, en 2020…

Au-delà de son scénario soigné et trait exigeant, Akira repose sans doute sur l’un des pitch urba-dystopiques les plus convaincants de l’histoire de la pop-culture.