Comme souvent avec les films étrangers sortis en Hexagone, on préférera le titre original (le classieux “The Italian Job”) à sa version très franchouillarde, “L’or se barre”. En même temps, il est effectivement question d’or qui se fait la malle… et pas n’importe comment : un braquage à dos de Mini dans les rues de Milan, embouteillées pour l’occasion. Avec le recul, on y verrait presque un avertissement : sorti en 1969, le film incarne en effet l’apogée de la culture automobile, encore dominante mais au bord de l'essoufflement. Quelques années plus tard, en 1973, la crise pétrolière viendra augurer la possibilité d’un monde urbain post-automobile...

Le film s’inscrit donc à la croisée des chemins : trop précoce pour s’émanciper totalement de la culture vroum-vroum, il s’en éloigne malgré tout en s’amusant à jouer avec les codes du genre, pour notre plus grand plaisir. Ainsi, derrière ce titre français un peu foireux se cache l’un des petits bijoux du cinéma britannique des sixties, alors en pleine décomplexion culturelle. Si le film n’est pas subversif à proprement parler, il n’en reste pas moins une parenthèse rafraîchissante en comparaison des films de braquage plus traditionnels. Son humour so british a d’ailleurs offert au cinéma l’une de ses plus belle séquences automobiles… On ne vous en dit pas plus, mais sachez que la chasse entre la police italienne et les Mini des héros mérite largement sa place sur le podium des plus belles poursuites du cinéma, et ce n’est pas rien.

On en a parlé sur pop-up urbain :
Quand Trackmania inspire Mini, ou la fin de la différenciation automobile