De toutes les aménités urbaines, le café est sûrement l’une des plus intéressantes. Figure quasi universelle, mais particulièrement modelée par les contextes locaux, le café est par ailleurs devenu avec le temps un marqueur du changement urbain, et plus particulièrement de la gentrification. C’est ce que l’urbaniste Sharon Zukin a baptisé "pacification par le cappuccino", ou comment l’ouverture de cafés branchés dans un quartier révèle sa mutation en cours, c’est-à-dire l’arrivée de classes créatives et supérieures dans un quartier historiquement populaire.

En France, la Brasserie Barbès en avait offert une très belle étude de cas. Plus généralement, Starbucks est aujourd'hui pointé du doigt dans de nombreuses villes, qui voit dans l’ouverture d’un café franchisé l’aube imminente d’une hausse des loyers. D'un lieu aimé de tous, la figure du café a ainsi pris une tournure plus négative dans certains contextes urbains… ce que l’on pourra évidemment regretter, tant il est vrai qu’un bon kawa réveille nos ardeurs les plus folles.

Mais qu’on ne s’y trompe pas : tous les cafés ne sont pas présumés coupables. Ainsi, qui oserait penser que l’adorable devanture de ces Lego Duplo préfigure l’arrivée par centaines de hipsters friqués ? Et pourtant, qui sait : peut-être a-t-il ouvert dans un quartier jusqu’alors populaire, et que les édiles de Duplo-ville ont décidé de "nettoyer" à grands renforts de rénovation urbaine ? A vrai dire, on ne le saura peut-être jamais… à moins que votre enfant n’en décide autrement !

On en a parlé sur pop-up urbain :
« ¡No pasarán! » : la gentrification et ses torréfacteurs de contingence