Un film dont l'héroïne est en doctorat d'anthropo spécialisé sur les légendes urbaines, on signe les yeux fermés. Les bruits de couloir de la fac abordent la question de la présence de crocodiles dans les égouts de New York, pendant que la protagoniste et sa meilleure amie cherchent à éclaircir le mystère qui se trame autour de la légende locale connue sous le nom de "Candyman". Qui est cet homme sanguinaire qui terrifie les jeunes de Chicago au début des années 90 ? Un tueur en série originaire d'une cité HLM laissée à l'abandon par les pouvoirs publics ? Un croque-mitaine contemporain et très urbain ? Ou un mythe fondé sur le passé esclavagiste des Etats Unis ?

L'enquête de Helen Lyle montre en tout cas que tous les points de vue se mélangent, ce qui n'est pas sans donner une bonne épaisseur au mythe, et un suspense palpable à l'intrigue. La forte détermination de l'héroïne l'amène alors à plonger très profond entre les murs tagués, ensanglantés et décrépis de Cabrini-Green. Si sa casquette de chercheuse lui aura d'abord ouvert les portes de ces barres délabrées où la délinquance règne, elle se retrouvera rapidement en proie à de terribles angoisses schizoïdes, causées par le maître des lieux. Candyman n'a que faire de la thèse d'une petite bourgeoise blanche, il prouve qu'il existe par divers charmes monstrueux et défie à ce titre la raison et les sciences humaines.

L'Histoire des Etats Unis, qu'elle soit urbanistique ou sociale, transparaît de façon poignante dans ce superbe film horrifique. On ne saurait donc plus vous pousser à regarder cette perle des 90's, dans laquelle de nombreux sujets cruciaux percent l'écran de manière pop autant que cinglante.